Musée ou vitrine ?

05 février 2025

𝐋𝐞 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐚𝐠𝐞 𝐝’𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞, 𝐝’𝐢𝐧𝐧𝐨𝐯𝐞𝐫, 𝐝’𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐫


Quand l’économie souffre, nous parlons d’une seule voix. Les 10 700 entreprises que nous accompagnons, qui représentent 2,4 millions de salariés, vivent les mêmes difficultés. Comme les grands dirigeants, le Mouvement des Entreprises de France et la CPME nationale, nous alertons sur l’urgence de la situation.

Le courage s’impose. Libérer l’initiative, alléger les contraintes, mieux partager la valeur et donner envie d’investir dans l’économie réelle est vraiment essentiel.

Retrouvez la tribune de Bertrand Rambaud, président de France Invest, parue dans l’Opinion :

« Pas de débat : un budget doit être voté – la plaisanterie n’a que trop duré. Est-il à la hauteur de l’état de nos finances publiques ? C’est un autre sujet.


Mais au-delà de cette controverse comptable, le véritable enjeu est ailleurs : avons-nous encore collectivement envie ? Envie que la France réussisse, qu’elle prospère, qu’elle rayonne ?


La France, comme l’Europe, est à la croisée des chemins. Elle peut redevenir une puissance d’innovation et de souveraineté économique, ou bien se résigner à n’être qu’un musée, contemplant ses gloires passées pendant que d’autres façonnent l’avenir.

Pendant que les États-Unis réindustrialisent et que la Chine investit massivement dans l’intelligence artificielle et l’énergie, nous débattons encore de la pertinence d’une augmentation de la pression fiscale. Les vieux démons français ont la vie dure !
Ces dix dernières années, nos entreprises ont pourtant innové, créé des emplois, attiré des capitaux. France Invest, via ses adhérents, accompagne plus de 10 700 entreprises qui emploient plus de 2,4 millions de salariés. Nous portons leur voix, avec les mêmes messages et la même préoccupation que les grands dirigeants, le Medef et la CPME qui, se sont exprimés, à juste titre, sur l’urgence de la situation.
Mais les symptômes de l’effritement silencieux sont bien là : bureaucratie tentaculaire, pression fiscale étouffante, impasse financière sur la protection sociale, dépenses publiques jamais maîtrisées, promesse de baisser l’âge de la retraite alors que la durée de vie s’allonge, renoncements financés à crédit… Et nous devrions nous y habituer ?


Non, les entrepreneurs sont en colère : ils aiment trop la France pour accepter son abaissement. Ils ont envie, mais ils sont souvent seuls. Pourtant, la France a tout pour réussir : des talents, des ingénieurs brillants, des savoir-faire d’excellence, une capacité d’innovation enviée dans le monde entier, une épargne abondante et un écosystème efficace d’investisseurs de long terme pour financer les entreprises françaises. Encore faut-il s’en donner les moyens.


La politique ne fédère plus qu’intérêts et clientélisme, incapable de porter une ambition économique forte et assumée. Nous sommes prisonniers d’une pensée magique, une illusion que tout peut continuer sans effort, sans réforme, sans travail, et si on ose dire, sans sacrifice. 


Mais un pays qui refuse de voir le monde en face est un pays condamné.
Nous l’oublions trop souvent : il n’y a pas de prospérité sans entreprises fortes. Ce sont elles qui financent l’innovation, la transition écologique, la compétitivité de notre industrie. Elles prennent des risques, créent des emplois, de la valeur et la partagent. Elles ont les solutions pour relever la France.


Nous avons encore le choix. Mais plus pour longtemps. 


La vraie révolution ne viendra pas du chaos, comme le promettent certains tribuns. Elle viendra du courage : celui de refonder notre modèle social, de comprendre que la prospérité ne se décrète pas, qu’elle se construit, que l’État ne peut pas tout. Le courage de mettre fin à cette lente dégradation, à cette érosion qui nous mène vers l’effacement. Le courage de libérer l’initiative, d’alléger radicalement ce qui l’entrave, d’augmenter les revenus nets de ceux qui travaillent, de mieux partager la création de valeur, et donner envie aux épargnants français et européens d’investir dans l’économie réelle pour faire face à nos grands défis. Nous en sommes capables !
Pour cela, nous avons besoin d’un État qui accompagne sans être omniprésent, d’un cadre fiscal stable et compétitif, d’une vision industrielle et technologique à long terme.

Nous, investisseurs de long terme, sommes prêts. 


Ne soyons pas un musée. Soyons la vitrine attractive d’un pays qui choisit de se relever. »